VERS DES PLASTIQUES ÉCOCOMPATIBLES A la recherche d’une gestion écoresponsable de la fin de vie des plastiques Rapport contributif multiacteurs établi par TEK4life issu du groupe de travail « Plastiques biosourcés et/ou biodégradables »
Abstract
Synthèse:
La prise de conscience des méfaits des pollutions par les déchets plastiques implique une révision profonde de
nos choix, tant dans les matières et les produits plastiques mis sur le marché que dans leurs usages : emballages,
meubles, électroménager, automobile, jeux, cosmétiques… S’il faut réduire en premier lieu les usages incongrus
(les usages uniques notamment), les fabricants doivent non plus seulement vendre une performance pour un
usage donné mais aussi une capacité à gérer la fin de vie des matières et des produits plastiques. Ainsi la possibilité
de recyclage, du réemploi ou du compostage des plastiques constitue un atout que les évolutions réglementaires
récentes confirment : le 1er janvier 2021, la tonne de plastique non recyclable sera taxée à 800 € la tonne,
dans le cadre du plan de relance européen.
L’écocompatibilité comme vision systémique:
Ce rapport est le fruit des informations collectées par un groupe de travail qui a auditionné en 2019 et 2020 des industriels producteurs et utilisateurs de polymères, des organismes en charge des déchets, des scientiques
et des acteurs associatifs autour du sujet des « bioplastiques », terme à éviter qui recouvre trois réalités : les
plastiques biodégradables mais non biosourcés, les plastiques biodégradables et totalement ou partiellement
biosourcés, et les plastiques non biodégradables mais biosourcés. Le rapport met à plat les termes relatifs à ces
catégories et analyse plusieurs champs de progrès : la réutilisation et la réduction des usages peu utiles, la valorisation
des déchets plastiques, la conception de matières « écocompatibles », c’est-à-dire intégrant des usages
et une valorisation de fin de vie durables.
L’écocompatibilité signifie que face à la pollution massive de l’environnement, nous devons adopter une approche
globale de tout le cycle de vie des produits plastiques. Pour prendre en compte chaque niveau de la
chaîne de valeur, nous pouvons mener en parallèle plusieurs modes d’action :
En amont
1) Développer l’économie de la fonctionnalité en concevant les produits plastiques conventionnels de façon à
permettre leur réutilisation et leur recyclage en fin d’usage.
2) Développer par la recherche scientifique et par l’innovation des matériaux alternatifs non polluants, réutilisables,
recyclables, compostables ou biodégradables en fonction des usages.
En aval
1) Investir et innover pour accroître le tri et le recyclage, encore handicapés par des freins techniques, sociaux,
économiques et structurels.
2) Améliorer le tri et la collecte des déchets organiques à large échelle afin de produire des composts de qualité
exempts de matières plastiques non biodégradables, et aptes à contribuer à la régénération des sols, en y intégrant
les plastiques usagés répondant aux normes du compostage industriel.
3) Poursuivre la recherche et l’évaluation de matières alternatives biodégradables dans le milieu d’utilisation
(biodégradation in situ), par exemple pour des applications en milieu aquatique et en milieu agricole.
Assumer, dès la conception, la fin de vie des plastiques
Les seules matières plastiques acceptables doivent être désormais celles pour lesquelles existent des solutions
techniques et des filières pour des usages et une fin de vie durables. Autrement dit, elles doivent servir à fabriquer
des produits qui, tout en étant aptes à satisfaire les usages sociaux, pourront être valorisés en fin de vie
en minimisant le plus possible leurs impacts environnementaux, directs et indirects, ce que nous nommons ici
l’écocompatibilité. Des évaluations de type analyses de cycle de vie (ACV), doivent orienter le choix des matières
utilisées, qu’il s’agisse de matières plastiques ou d’autres matières (papier, carton, coton, etc.).
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Valoriser la biodégradabilité:
Parmi les fins de vie durables possibles, la biodégradation de certaines matières plastiques, biosourcées ou non,
notamment par compostage (ou par méthanisation), représente une nouvelle option pour des produits tels que
les emballages alimentaires, certaines pièces agricoles, certains produits industriels souillés par des déchets organiques.
Bien que parfois contestée et, pour les matières plastiques nouvelles, encore en phase d’amélioration
ou d’expérimentation, la biodégradabilité a été confirmée par les études scientifiques menées jusqu’à présent
sur les films plastiques à base d’amidon. En revanche, le temps nécessaire pour la biodégradation ultime de ces
matières varie selon le milieu (composts, sol, eau douce, eau de mer), ce qui impose d’y recourir pour des usages
ciblés.
La perspective de la collecte obligatoire des biodéchets au 31 décembre 2023 dans l’Union européenne va
rendre très utiles les emballages compostables de produits alimentaires : ces derniers pourront en effet être valorisés
dans la même filière que les déchets organiques afin de produire des composts de bonne qualité. Autre
exemple, pour des applications en agriculture, lorsque le caractère plastique de la matière est une nécessité, le
recours à des alternatives biodégradables in situ pourrait être une solution appropriée. Il en est de même pour
les produits plastiques qui risquent d’être perdus (attaches de vigne, filets de pêche…) dans les écosystèmes
terrestres ou aquatiques.
L’exigence politique pour mettre en cohérence les jeux d’acteurs
Le principe de la responsabilité élargie du producteur, étendu par la loi du 10 février 2020 sur l’économie circulaire,
atteste que les producteurs doivent assumer la fin de vie de leurs produits plastiques. Il pousse à réserver
les produits plastiques non biodégradables à des usages qui rendent faciles leur réemploi et/ou leur recyclage
dans le cadre de filières adaptées. En dernière extrémité, les produits non réutilisables ou, en fin de réutilisation,
non recyclables et non compostables (produits à structure mixte ou complexe, par exemple), pourraient alors être
incinérés pour valoriser leur potentiel énergétique.
En définitive, aucun plastique non biodégradable ne devrait plus être produit et utilisé dès qu’il y a un risque
avéré de rejet dans le milieu naturel du fait de son utilisation directe dans le milieu ou de l’absence de filière de
collecte et de valorisation, que ce soit dans un pays industralisé ou dans un pays en développement.