De la mise en suspend de droits du travail nationaux pour gérer une multinationale
Abstract
À partir d’informations concernant les filiales françaises et belges, cet article présente les pratiques de gestion du personnel d’une multinationale de haute technologie d’origine californienne. Réduite à sa plus simple expression (embaucher et licencier selon les besoins), délibérément déstructurée, la fonction « personnel » y apparaît comme un espace de pratiques où le droit et les usages des pays d’accueil sont ignorés et en quelque sorte mis en suspens, au profit d’une culture de l’arrangement et de la négociation. Si l’on postule que cette entreprise n’est pas un cas particulier, ces observations montrent comment une multinationale peut jouer des limites de l’effectivité d’un droit du travail national pour faire face aux difficultés pratiques et morales posées par le multinationalisme.